homélie du 4ème dimanche après Pâques prononcée à l'Immaculée Conception
« De
peccáto quidem, quia non credidérunt in me : de iustítia vero, quia ad Patrem
vado, et iam non vidébitis me : de iudício autem, quia princeps huius mundi iam
iudicátus est. En ce qui concerne le péché, parce qu’ils n’ont pas cru en
moi ; en ce qui concerne la justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que
vous ne me verrez plus ; en ce qui concerne le jugement, parce que le prince de
ce monde est déjà jugé. »
L’œuvre
du paraclet, annoncé par Jésus-Christ, n’est pas le royaume des petites fleurs,
ni le triomphalisme après une défaite en rase campagne. Il s’agit de « convaincre »
nous disent souvent les traductions, mais notre Gaffiot donne, aux pour les 4
sens du mot une connotation juridique de mise en accusation. Et je laisse aller
regarder le Bailly pour ceux qui « ne tiennent pas en honneur
principalement la Vulgate » [cf Dei Verbum] ! Ainsi, et quelle que soit la
manière de traduire, le Saint Esprit nous est utile car il mettra en accusation
le monde. Ce monde est donc assigné en justice et heureux serons nous d’être
trouvés intacts ! C’est ce que la sagesse de l’Eglise nous fait méditer, c’est
ce que le disciple que Jésus aimait nous affirme tout au long de son Évangile.
Ainsi, pourtant tout à la joie pascale l’Eglise nous rappelle que le monde nous
hait, pour autant que, après ces longues semaines loin des sacrements, nous
ayons encore besoin de l’apprendre. Et ces trois jugements que doit faire le Paraclet
dans nos cœurs concernent tout d’abord le péché, et le péché le plus
fondamental de ne pas avoir cru. Ce péché n’est pas si distinct du naturalisme,
ie du fait d’avoir mis notre foi dans la science, (science de la nature,
sciences médicale politique ou économique). Et il y a à la base de tout
naturalisme un immanentisme qui fait de la religion un phénomène de société, un
phénomène transitoire et qui par conséquence donnerait au pouvoir civile des
droits sur celle-ci (et à la religion le devoir de quémander une autorisation
du culte – voir de remercier). Comme nous l’enseignait Léon xiii : « dux
non civitas sed Ecclesia debet : […] de iis quae religionem attingunt »[1] . Quant à la justice, c’est
celle de l’absence de Dieu, de l’éloignement des sacrements, les prêtres empêchés
–car ce n’était je veux le croire pas un calcul politique-- de donner les
sacrements à des fidèles appelaient à l’aide ! Mais c’est aussi, et plus
profondément, la justice de l’exaltation du Christ « illorum ergo peccatum,
ipsius autem iustitia. Quod enim a Patre ad nos venit, misericordia est ;
iustitia vero quod ad Patrem vadit ; secundum illud. Apostoli : « Propter
quod et Deus exaltavit illum ».[2] ! Et au milieu de tout ça, il nous est encore
rappelé, et opportunément, que le prince de ce monde est déjà jugé, même si l’exécution
de la sentence traîne encore un peu. Et cela nous est utile : serait-il oiseux
et vain de rappeler que nous sommes encore « sub iudicio ».
Serons-nous de ceux-là convaincus, ou plutôt mis en accusation, par le péché ?
ou au contraire à l’image du Maître, de ceux à qui justice sera rendue ? Il
nous faut en effet nous rappeler que le monde naturel n’est pas tout ; que
la médecine non seulement s’arrête à la mort mais que jamais elle ne pourra ni
ne saura gagner ; il nous faut nous rappeler que la vie de l’âme passe
avant celle de notre corps ; il nous faut nous rappeler que les sacrements ont
un prix que si d’aventure il fallait risquer sa peau pour les donner ou les
recevoir il s’agirait encore d’un bien grand honneur qui nous serait fait. Et
puisque le jour semble être celui de la justice et donc des canonistes, faut-il
rappeler que « salu[s] animarum, […] in Ecclesia suprema semper lex
esse debet. »[3] Autant de truismes, je l’espère
pour nous tous. Et nous rappeler que si, il eût été inique d’interdire de
nourrir ses enfants ou le pauvre Lazare qui rôde à nos portes, combien pire et
plus inique sont les oukases qui nous éloignent des sacrements. Chers amis, les
événements nous l’indiquent, mais Notre Seigneur nous l’affirme, nous avons
besoin du Saint Esprit pour notre vie, pour nous faire goûter à la vie divine,
pour nous faire croire, au milieu des injustices présentes, que le prince de ce
monde est vaincu. Dans trois semaines nous fêterons l’irruption du Saint Esprit
au milieu des apôtres. Mais baptisés et confirmés, nous pouvons déjà vivre de
cet Esprit dans nos cœurs : « Au Baptême, l’homme est enrôlé dans la
milice ; et dans la Confirmation il est armé pour le combat. »[4] De cette inhabitation
divine nous avons un parfait exemple en la BVM, tout d’abord dans son union au Verbe,
mais également dans la plénitude de la présence en elle du Saint Esprit. « Ô
Jésus vivant en Marie, venez et vivez en Vos serviteurs, dans votre Esprit de
sainteté, dans la plénitude de votre Force, dans la vérité de vos Vertus, dans
la communion de vos Mystères. Dominez sur tout pouvoir, par votre Esprit, pour
la gloire de votre Père. »
[1]
Immortale Dei
[2] St Augustin
sermon 61 « Le péché appartient donc à ceux-ci mais la justice au Christ
(Celui-là). C’est miséricorde qu’Il viennent du Père jusqu’à nous, mais c’est
justice qu’Il retourne au Père ; selon ce que dit l’Apôtre : « c’est
pourquoi Dieu l’a exalté ! »
[3] Can 1754.
[4] Catéchisme
tridentin
Commentaires
Enregistrer un commentaire